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Informatique : de l’antidote au poison, un cheminement inimaginé ou les peurs nées du digital – Emmanuel Mayega pour DOCaufutur

Au-delà de la transformation digitale dans laquelle sont engagées toutes les entreprises en vue de performer sur un terrain économique où se multiplient des enjeux existentiels (compétitivité, différenciation, etc.), le recours à la technologie a toujours été rêvé comme panacée. Pourtant, comme toute avancée qu’elle introduit, elle ouvre la porte à des crises permanentes et sporadiques dont certaines remettent en cause la pérennité du modèle mondial des affaires. De l’an 2000 à l’euro, en passant par les cybercrises et le RGPD, quels points communs entre eux et comment modifient-ils l’ordre économique préétabli ? Enquête sur une angoisse permanente véhiculée par le marketing de la peur.

L’an 2000 s’est ouvert sur une période de la marche des affaires qui semble ne plus évoluer comme un long fleuve informatique tranquille. Il s’est plutôt ouvert sur un problème informatique inédit : celui du passage des outils à quatre digits. Plus qu’un problème, c’était devenu une véritable angoisse pour les directions informatiques. Et un gouffre financier pour les entreprises. Après-coup, on s’est rendu compte qu’elles ont eu plus de peur que de mal, le fantasme de la grande crise attendue s’étant soldé par une réussite. Tel l’eldorado, l’enrichissement est plutôt revenu non aux chercheurs d’or mais aux vendeurs de Jeans !

L’an 2000 véritable galop d’essai à une nouvelle ère du marketing de la peur

Cette crise larvée, qui avait mobilisé tout le gotha de l’informatique mondiales s’est avérée être en réalité un galop d’essai à une nouvelle ère de notre société marquée par la permanence de crises informatiques. Ainsi, le monde qui avait vécu sur l’idée que l’informatique constituait un antidote à notre poison qu’est notre bureaucratie actuelle émaillée de papiers à n’en pas finir, se transforme peu à peu en devenant plutôt le poison nouveau des sociétés dites modernes. A l’épreuve des faits, les multiples crises qui vont émailler et faire trembler parfois notre système vont littéralement l’empoisonner sans cesse. Car après l’an 2000, et même pendant que les oiseaux de mauvais augure nous annoncent et prédisent  une catastrophe informatique jamais connue, la peur de l’euro est entrée en scène, avec son lot de menaces supposées. Ces peurs ont tout de même eu le mérite de redynamiser le secteur des services informatiques qui semble-t-il en avaient besoin. Car en réalité, l’alarmisme des uns et la motivation des autres ont eu pour effet de soigner une plaie supposée du système informatique qui s’est refermée avec l’adoption de l’euro. A notre connaissance, aucune victime expiatoire du passage à l’an 2000, ni même de l’adoption de la nouvelle monnaie ! Trop d’angoisse pour rien.

Cette bonne fin ne mettra pas malheureusement un terme au catastrophisme ambiant qui règne actuellement dans le monde économique. La montée en puissance de la cyber-insécurité à transformer la donne et pris le relais : la nature a horreur du vide ! Avant, il s’agissait de menaces dues à des facteurs exogènes, désormais, ces crises prennent des formes de criminalité et donc punissables par la loi. Les criminels utilisent leurs savoir-faire pour paralyser un système d’information et font tomber de grands noms voire de petits, quitte parfois à les rançonner. Personnes ne semble à l’abri de ce genre d’attaque. Les entreprises s’organisent et comme dans les crises précédentes, conjoncturelles celles-là, un marché de cette crise est né. Pire, ou mieux selon les cas, les grandes crises semblent faire vivre l’informatique. Auquel cas nous voilà en plein dans le marketing de la peur.

Quoi qu’il en soit, le véritable poison semble être celui-là. Cette peur sur la ville, qui traumatise les entreprises aujourd’hui et devient, devons-nous le remarquer, le moteur de l’économie plongée dans le numérique. Car quelle entreprise pourrait se dire aujourd’hui à l’abri d’une cyber-attaque ? La peur d’un tel virus nourrit les sociétés de services et ce marché croît comme celui du passage à l’an 2000, voire davantage : il a de l’avenir.

Le GRPD ou les données personnelles en embuscade

Mais comme si cela ne suffisait pas, voilà le spectre des données personnelles qui surgit sous la forme d’une méga-crise informatique d’un genre nouveau. Les entreprises doivent se conformer au GDPR et il semble que malgré les menaces identifiées à tour de bras, il s’annonce des victimes à l’horizon. Au point que certains vendeurs de la peur n’hésitent pas à parler de banqueroute pour certaines petites entreprises confrontées à cette échéance. Quoi qu’il en soit, au vu des sanctions prévues en cas de gestion abusives de données personnelles (20 millions d’euros ou 4 % du C.A, ndlr), il est probable que de mauvaises têtes tombent. Mais de-là à prédire une grosse catastrophe, il n’est qu’un pas que certains prestataires de services n’hésitent pas à franchir, créant une sorte de peur ambiante dans la société.

Une question reste à se poser :

Quelle nouvelle crise reste-t-il à inventer ? L’informatique qui avait été pensée et créée pour panser nos bureaucraties n’est-elle pas en passe d’inventer une nouvelle plaie dans nos démocraties ? La question devient plus préoccupante quand on sait qu’elle peut aller jusqu’à manipuler les votes citoyens comme on suspecte Facebook de l’avoir fait, au sujet de données personnelles ! Quelle nouvelle crise peut-on attendre de l’informatique ? L’interrogation semble plus importante que la réponse.

Emmanuel Mayega pour DOCaufutur

Corinne
Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès. Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication. Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.

Written by Corinne

Depuis plus de 25 ans dans le métier de la communication et du marketing, Corinne a démarré sa carrière à la télévision avant de rejoindre une agence événementielle. Curieuse dans l’âme, elle poursuit sa carrière dans l’IT et intègre une société de conseil en éditique puis entre chez un éditeur de logiciels leader sur son marché, SEFAS. Elle est ensuite nommée Directrice Communication chez MGI Digital Graphic, constructeur de matériel d’impression numérique et de finition international coté en bourse. Revenue en 2008 chez SEFAS au poste de Directrice Marketing et Communication groupe, elle gère une équipe répartie sur 3 géographies (France, Etats-Unis et Angleterre), crée le groupe utilisateurs de l’entreprise et lance un projet de certification ISO 9001, ISO 14001 et ISO 26000 couronné de succès.
Pendant 7 ans membre du conseil d’administration de l’association professionnelle Xplor France et 2 ans sa Présidente, Corinne a créé dès 2010 TiKibuzz, son agence de marketing et de communication.
Elle devient Directrice de la Communication en charge des Relations Presse, du Lobbying et du marketing digital chez DOCAPOST, groupe La Poste, durant 3 ans avant de rejoindre la start-up FINTECH Limonetik, en 2013. C'est cette même année qu'elle crée votre média professionnel, DOCaufutur, l'avenir du document.